Une image de sport extrême colle au rafting. Pourtant, la descente de rivière en radeau pneumatique n’est pas l’apanage des trompe-la-mort. Le rafting répond autant aux cégépiens avides de sensations fortes qu’aux familles à la recherche d’une superbe activité de plein air. C’est le temps de vous jeter à l’eau!

La veille de la Journée nationale des Patriotes, la crue printanière tire à sa fin sur la rivière Rouge, avec un débit avoisinant les 150 m³/seconde. C’est la dernière fin de semaine à pagayer dans la section Canyon, un 8 km de rapides presque continus, avant que les rafts se déplacent en aval de la rivière, dans la section des Sept Sœurs. Avec mes filles de 12 et 15 ans, ainsi que leur mère (dont nous tairons l’âge à sa demande), nous revêtons nos combinaisons isothermiques (communément appelées wetsuit) afin de passer une journée dans les vagues où l’eau n’est qu’à 10 degrés Celsius.

On pourrait croire que je suis un père totalement irresponsable, digne d’un signalement à la Direction de la protection de la jeunesse, en entraînant ma progéniture à se jeter à l’eau aux premières chaleurs printanières. Or, contrairement à la croyance populaire qui persiste, le rafting n’est justement pas une activité exclusive aux pagayeurs voulant braver la mort.

Sur les berges de la rivière Rouge en ce dimanche matin ensoleillé, Nicolas Achim, propriétaire de Propulsion Rafting depuis 2003, nous assure que le rafting en eaux vives convient à une majorité de gens (enfants de 12 ans et plus), même en début de saison. « Nos guides sont capables de moduler l’activité en fonction de la demande de la clientèle. Si les gens veulent se faire brasser à fond et chavirer, ils seront servis. S’ils veulent une balade plus contemplative, nous pouvons le faire également », explique le propriétaire de l’entreprise basée à Grenville-sur-la-Rouge, entre Montréal et Ottawa.

La beauté de la rivière Rouge, qui est descendue en raft depuis des décennies, c’est qu’elle ne contient pas de malice. « On n’y trouve pas de rapide avec des pièges ultra-dangereux », affirme Nicolas Achim, qui a été longtemps guide avant d’acquérir Propulsion Rafting. Les incidents sont rares et le plaisir est garanti!

Du rodéo sur les flots

À l’heure d’affronter notre premier rapide, celui du canyon Harrington, nous sommes fébriles dans le pneumatique. À cet endroit, la rivière Rouge rétrécit et l’eau s’engouffre entre des murs de roc. Le paysage est spectaculaire. Les vagues grondent et prennent de l’ampleur. Mais plus question de reculer, nous fonçons.

« Il est possible qu’on renverse, mais on est capables de franchir ce gros rapide en pagayant fort », nous avertit Charles, notre guide du jour. Nous ramerons comme des forçats et nous resterons à flot, non sans nous faire arroser à profusion et secouer en chemin. Dès que l’obstacle a été franchi, tous les passagers du raft éclatent de joie. Un sourire s’imprime sur nos visages pour le reste de la journée.

Au fil des rapides (Man Eater, Confusion, Bellerose, Surprise, etc.), nous prendrons de l’assurance jusqu’à demander au guide de ne plus nous épargner. L’objectif : nous faire brasser au maximum. Nous serons servis. Notre guide nous dirigera dans les plus grosses vagues. Nous finirons par tomber à l’eau et mes filles n’auront qu’une demande : recommencer la saucette, malgré l’eau froide. Sentiment partagé par les parents.

Après deux sorties de deux heures chacune, nous revenons complètement fourbus au camp de base. Les coups de pagaie et les chutes dans l’eau froide ont épuisé nos batteries. Inutile de dire que nous en avons eu pour notre argent. Nous avons pris la journée complète de rafting, mais si vous êtes incertain ou incertaine en ce qui concerne votre forme physique, une demi-journée sur la rivière vous comblera amplement. « C’est ce que nous recommandons aux personnes sans expérience », dit Nicolas Achim.

En fonction du débit de la rivière, Propulsion Rafting, membre d’Eau Vive Québec, déplace ensuite ses activités dans la section des Sept Sœurs, réputée pour ses possibilités de jouer dans l’eau et où la saison s’étire jusqu’en septembre.

Rafting aux quatre coins du Québec

Coulant dans les Laurentides, la Rouge est la rivière la plus réputée au Québec pour le rafting, mais elle n’est pas la seule. D’autres cours d’eau québécois invitent aussi à jouer au rodéo dans les vagues. Des exemples? Les rivières Jacques-Cartier (région de Québec), des Outaouais (en Outaouais), Malbaie (Charlevoix), Métabetchouane, Mistassibi, Shipshaw (Saguenay-Lac-Saint-Jean), York (Gaspésie) et même le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur des rapides de Lachine (Montréal). Certaines descentes sont accessibles aux jeunes enfants de six ans et plus, selon la rivière et le débit d’eau.

Pour les gens qui aiment l’action, la nature et les pauses rafraîchissantes, le rafting n’a pas son pareil.