Les Routes des fédérations, portes d'entrée vers le plein air québécois

Au Québec, le plein air n’est pas qu’un passe-temps c’est une culture, une manière de vivre notre territoire. Pourtant, face à l’immensité des forêts, des lacs et des montagnes, par où commencer ? Que l’on veuille juste s’amuser dehors ou s’aventurer plus loin, les « Routes » développées par les fédérations membres du Réseau plein air Québec (RPAQ) apportent méthodiquement une solution servie sur un plateau d’argent. 

La Route verte, La route bleue, la Route Équestre, la Route de la poudreuse, la Route verticale ou le Sentier national : derrière ces noms évocateurs se cachent des réseaux normés, entretenus et accessibles. Pensées comme de véritables artères, elles donnent au plus grand nombre toutes les clés pour s’évader à vélo, descendre une rivière, cavaler une fin de semaine, skier de refuge en refuge, s’élancer sur une paroi rocheuse ou arpenter la province pas à pas. 

Les Routes : un concept unificateur 

Leur force est de structurer l’accès. Là où, auparavant, il fallait connaître les « bons spots » ou s’en remettre au bouche-à-oreille, les Routes mettent en lumière des sentiers, des plans d’eau ou des parois certifiés. Elles rassurent les néophytes grâce à des standards clairs et des niveaux de difficulté établis, et elles permettent aux plus expérimenté·e·s de planifier d’ambitieuses expéditions.  

Bien plus que de simples itinéraires, elles forment un maillage vivant qui décuple l’occasion de découverte. Ensemble, elles transforment le plein air en une expérience complète et modulable, où chaque personne trouve un parcours adapté, d’une première sortie familiale à une aventure de plusieurs jours.  

Précieux sésames pour les pleinairistes en quête d’idée certes, les Routes jouent aussi un rôle de pont entre les gens et les territoires, entre l’offre et la demande. Tout tracé devient prétexte à découvrir un village, un gîte, une microbrasserie, un centre d’interprétation ou un paysage méconnu. Une façon d’ancrer le plein air dans la vie quotidienne des québécois·e·s, d’inviter les touristes à explorer autrement mais aussi de générer des retombées socioéconomiques durables et essentielles pour les régions. 

La Route verte : le vélo comme fil conducteur 

Depuis 30 ans que l’idée a germée chez Vélo Québec, la Route verte propose aux cyclistes de parcourir toutes les régions. Devenue le plus vaste itinéraire cyclable en Amérique du Nord, elle dépasse aujourd’hui les 5 400 kilomètres et a été consacrée par National Geographic comme « la plus belle véloroute au monde », rien de moins !  

Elle traverse la province d’ouest en est – du Témiscamingue et de l’Outaouais jusqu’à la Gaspésie – et du nord au sud – de l’Abitibi, des Laurentides et du Saguenay–Lac-Saint-Jean jusqu’au Centre-du-Québec et à l’Estrie. Plus encore, elle se prolonge vers les réseaux voisins en Ontario, au Nouveau-Brunswick et même aux États-Unis.  

Infrastructure exceptionnelle pour le cyclotourisme comme pour les déplacements quotidiens à vélo, elle connecte des centaines de municipalités, traverse des lieux historiques et naturels, et favorise leur vitalité touristique. Chaque tronçon agit comme un accélérateur d’opportunités : dès qu’il mène à un parc, un circuit de randonnée ou un plan d’eau, il enrichit l’expérience des cyclistes.  

Pour propulser davantage le départ à l’aventure, Vélo Québec a concocté huit suggestions d’escapades – en boucle ou en allers-retours – histoire de balayer toute hésitation. Outre ces circuits, la cartographie interactive donne le champ libre à l’imagination pour dessiner l’itinéraire idéal, à son rythme. 

Mais la Route verte, c’est également un vecteur de récits humains. La websérie Le bon monde de la Route Verte nous emmène à la rencontre des gens qui la font vivre. Dix épisodes à découvrir par les yeux de Jonathan B. Roy ! 

La route bleue : naviguer autrement 

Cap sur l’eau avec La route bleue née de l’union de Canot Kayak Québec et Eau Vive Québec, un projet unique de parcours nautiques non motorisés. Kayak, canot, planche à pagaie : peu importe l’embarcation, l’idée est de rendre nos lacs, nos rivières et notre fleuve accessibles au plus grand nombre.   

Reposant sur quatre piliers – sécurité, accessibilité, éducation et écotourisme – La route bleue classe chaque itinéraire selon des critères précis et standardisés, gage de confiance pour choisir une sortie adaptée à son niveau, son embarcation et ses envies. Du plan d’eau calme aux milieux marins ou d’eau vive, La route bleue démocratise le plein air nautique et comble un besoin réel pour les adeptes de tous les niveaux. 

Pour compléter l’écosystème du plein air, La route bleue constitue l’artère nautique : elle fait découvrir le territoire par l’eau, permettant une immersion plus intime au cœur des paysages et des milieux naturels qui bordent rivières, lacs et côtes. Elle relie aussi des communautés riveraines, et soutient une offre touristique diversifiée, valorisant leurs plans d’eau et favorisant une expérience écoresponsable enrichissante. Plus de 40 parcours ont déjà vu le jour récemment, et d’autres suivront bientôt. Des circuits multijours sont en développement, ouvrant la voie à de véritables voyages nautiques, où se mêlent sport, écotourisme et immersion dans la nature. Un essor qui témoigne d’un engouement marqué des municipalités pour dynamiser le plein air. Les deux fédérations travaillent de concert pour étendre le réseau aux régions encore sous-représentées. 

Enfin, La route bleue se veut porteuse d’une vocation éducative et durable : sensibiliser à la sécurité nautique, encourager la cohabitation harmonieuse et valoriser la protection des milieux, au fil de l’eau. Loin d’être un inventaire de mises à l’eau, son ambition ultime vise à devenir LA référence incontournable lorsqu’il s’agit de pagayer au Québec.

La Route Équestre : à cheval entre nature et culture 

Changer de rythme, adopter la cadence d’un pas de cheval : c’est ce que propose la Route Équestre de Cheval Québec. Avec plus de 2 000 kilomètres de sentiers géoréférencés, elle offre aux cavalier·ère·s la possibilité de découvrir le territoire vu d’un peu plus haut, en toute sécurité. 

La Route Équestre n’est pas réservée aux propriétaires de chevaux ni aux cavalier·ère·s aguerri·e·s. Grâce à la certification d’établissements équestres, les néophytes peuvent s’initier avec confiance. Ces centres certifiés garantissent un encadrement professionnel, des chevaux bien entraînés et soignés, des installations vérifiées et un accueil adapté à tous les niveaux. Que l’on souhaite essayer la randonnée équestre pour une heure, ou partir plusieurs jours en virée, tout est prévu pour se lancer sereinement.  

De plus en plus d’établissements rejoignent le réseau, élargissant l’éventail de destinations. L’objectif de Cheval Québec est que chaque région dispose d’infrastructures propices à l’équitation de plein air afin de positionner le Québec comme un rendez-vous prisé pour la randonnée équestre. 

Mais au-delà de la pratique sportive, la Route Équestre permet de tisser des liens entre nature et culture. En selle, on traverse des paysages agricoles, on longe des forêts anciennes, on s’arrête dans de petites auberges ou chez des artisans. Le cheval, fidèle compagnon depuis des siècles, agissant comme un médiateur entre humains et environnement. 

Les Routes de la poudreuse et verticale : gravir, glisser, s’élever 

Si certaines Routes existent déjà depuis longtemps, d’autres font leurs premiers pas, mais promettent d’élever bientôt l’univers du plein air québécois. C’est le cas des projets portés par la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade (FQME) : la Route de la poudreuse et la Route verticale. 

La première, lancée dès cet automne, rassemblera les principaux sites de ski de montagne. Comme ses consœurs, elle guidera les adeptes vers les meilleurs secteurs de poudreuse, tout en reliant les activités régionales : refuges, randonnées, après-ski. Telle une cordée, elle assurera à d’autres activités – de la raquette aux attraits culturels – de se greffer à l’aventure.   

La seconde, prévue au printemps 2026, sera dédiée aux sites d’escalade. Elle constituera une ligne continue pour grimper de région en région (informations pratiques, niveaux de difficulté, sécurité et services à proximité). L’objectif est double : faciliter la pratique pour les novices comme pour les plus avancé·e·s, et faire rayonner les communautés locales qui entretiennent ces parois et accueillent les ascensionnistes. 

Ces deux Routes encore toutes jeunes témoignent d’une vision tournée vers l’avenir. En rassemblant les sites et les communautés autour d’une structure commune, la FQME veut donner envie de découvrir montagnes et falaises du Québec, et permettre à chacun·e d’atteindre son sommet ou de dévaler sa pente rêvée. 

Envie de vous impliquer ? Des événements de lancement pour la route de la poudreuse auront lieu dans plusieurs régions (Sherbrooke, Montréal, Québec, Gaspésie). On peut aussi soutenir l’initiative par le biais de sa campagne de sociofinancement.  

 
Le Sentier national du Québec : l’aventure à pied 

À côté du vélo, du canot, du cheval, de la neige et des parois, il fallait bien une grande route dédiée à la randonnée pédestre. Le Sentier national du Québec (SNQ), coordonné par Rando Québec, incarne cette aventure. Avec plus de 1 830 km de sentiers linéaires reliant Gatineau à Gaspé, il est le plus long itinéraire pédestre de la province. Sillonnant neuf régions touristiques, il ouvre les portes au milieu naturel grâce au travail des gestionnaires de sentiers et de nombreux bénévoles passionnés depuis près de 35 ans. Véritable pionnier, le SNQ a inspiré la création des autres Routes de plein air. 

Le Sentier national offre une expérience unique adaptée à tous les profils : de courts parcours Prêt-à-Partir, conçus par Rando Québec pour rendre la randonnée clé en main, jusqu’à la traversée complète du Québec, pour les marcheur·se·s les plus téméraires. Déjà plus de 35 itinéraires disponibles et de nouveaux tronçons sont en préparation. 

Au-delà de l’expérience, le Sentier national aspire à entrer au patrimoine québécois. Symbole d’un projet collectif porté par Rando Québec, il fédère les acteurs régionaux autour d’une démarche structurante. Trois grands axes guident ce développement : 

• pérenniser et améliorer le réseau afin d’assurer l’accès à la nature pour toutes et tous ; 

• protéger les milieux naturels qui l’entourent, en faisant du SNQ un modèle d’équilibre écologique entre récréotourisme et biodiversité ; 

• développer un produit touristique de calibre international, mettant en valeur la richesse des territoires et de leurs habitant·e·s. 

Rando Québec accompagne aussi les randonneur·se·s avec des outils pratiques comme Balise Québec, un répertoire en ligne recensant plus de 3 900 sentiers balisés dont le SNQ. Avec cartes, conditions et informations validées, il permet d’éviter les mauvaises surprises, d’orienter les débutant·e·s et d’offrir aux passionné·e·s une base fiable pour organiser leurs escapades. 

En conjuguant Sentier national et Balise Québec, la fédération confirme la place du Québec comme terre de randonnée, où citoyens et visiteurs peuvent redécouvrir le lien entre humains et nature au cœur d’un environnement préservé et d’un tourisme durable. 

Des outils pour étendre la pratique 

D’autres fédérations partagent la même ambition des Routes, soit d’ouvrir le plein air à tous et toutes de façon sécuritaire, durable et agréable., mais y contribuent grâce à des outils éducatifs et/ou numériques.  

Spéléo Québec : explorer sous terre 

Avec près de 100 sites accessibles partout au Québec, Spéléo Québec invite le public à découvrir la spéléologie et le canyonisme. Certaines cavernes mythiques, comme la Caverne Laflèche en Outaouais ou le Trou du Diable dans Portneuf, accueillent familles et curieux·ses pour des visites guidées sécurisées. L’organisation réunit passionné·e·s, propriétaires de sites, guides et différents organismes, et déploie des initiatives éducatives, comme Une caverne dans ta cour en partenariat avec GUEPE, pour initier les jeunes du primaire ou des camps de jour de manière ludique et scientifique. 

Bientôt, le portail Explo Québec, développé en partenariat avec Rando Québec, offrira une carte interactive centralisée pour planifier ses explorations de grottes ou de canyons. 

Ski de fond Québec : la glisse au bout des doigts 

Pour la première fois, Ski de fond Québec a rassemblé dans une application mobile, l’essentiel des informations nécessaires : localisation des centres, carte des sentiers, état des pistes et conditions de neige en temps réel, services offerts… Nouveauté 2025 : les organisations œuvrant dans le domaine pourront désormais être affichées sur la carte. 

Plus besoin de fouiller à droite à gauche : tout est centralisé pour donner aux fondeurs et fondeuses une vue d’ensemble à l’échelle de la province. 

Autres initiatives  

Le plein air québécois se nourrit aussi d’outils comme la carte interactive de Voile Québec qui aide les navigateurs et navigatrices à trouver des points d’accès. Ou encore la nouvelle version bonifiée de Plonge-ici, l’application de Québec Subaquatique qui facilite l’exploration sous-marine ; une fois sur place, il ne reste qu’à enfiler l’équipement… et faire des bulles !  

En somme, déployer le plein air, encadrer sa pratique et enrichir l’expérience résume la mission des fédérations regroupées au sein du RPAQ. Grâce à leurs Routes et à leurs plateformes, elles mettent la nature à portée de main, avec les ressources pour s’y aventurer sainement. Le plein air au Québec n’a jamais été aussi accessible et vivant. 

Reflet d’une philosophie du plein air, ces Routes tissent une toile sensible et collective. Elles donnent envie de prendre le large, de changer de perspective, de s’évader au grand air. Rappel d’une vérité simple : peu importe notre expérience ou notre point de départ, il existe toujours une Route pour nous conduire plus loin, plus haut, ou simplement ailleurs – là où la nature nous attend.