Le Québec, terre de surf
Publié le 12 juin 2025
Par Simon Diotte

Pas besoin de l’océan à perte de vue pour pratiquer le surf. Le Québec compte quelques bons spots pour planer sur l’onde, que ce soit sur des vagues stationnaires ou dans les eaux froides et mouvementées du Saint-Laurent. Et il est même désormais possible de faire du surf avec « pas de vague ». Suivez le guide.
« Le surf se porte très bien au Québec », affirme Mathieu Demers, président de Surf Grand Montréal, une association qui regroupe plus de 400 adeptes de surf de rivière de la région métropolitaine. Plusieurs facteurs contribuent à faire mousser ce sport : le plein air est à la mode, le surf fait maintenant partie des disciplines olympiques, une aura de « coolitude » continue d’entourer les surfeurs et surfeuses, les voyages vers les destinations surf se démocratisent et il existe aussi un centre de surf intérieur à Brossard. Un second s’ajoutera cet automne à Québec.

« L’engouement pour le surf s’inscrit aussi dans une logique mondiale où les gens se réapproprient les cours d’eau de proximité », explique Mathieu Demers. La popularité est devenue tellement forte pendant la pandémie à Montréal que les adeptes se sont regroupé⸱e⸱s au sein de l’association Surf Grand Montréal en vue de gérer les problématiques de surfréquentation. En plus de veiller à pérenniser les sites de pratique existants, les membres veulent mousser le développement de nouvelles vagues.
Actuellement à Montréal, il y a deux vagues éternelles facilement accessibles sur le fleuve Saint-Laurent qui attirent les surfeurs d’eau douce : la vague d’Habitat 67, derrière l’emblématique complexe du même nom, et la vague à Guy, à la hauteur du parc des Rapides, à LaSalle. Avertissement : par les belles journées d’été, ces deux vagues souffrent d’une trop grande popularité. Il faut prendre mon mal en patience pour faire du rodéo sur la vague.

Surfer une vague stationnaire diffère des vagues océaniques, détaille Dominique Pouliot, grande adepte de surf sous toutes ses formes. « C’est une déclinaison super technique du surf. En océan, la vague te pousse. En rivière, tu fais corps avec la vague », explique la sexagénaire de Saint-Lambert, qui fait partie du conseil d’administration de Surf Grand Montréal. Selon elle, la pratique du surf permet de faire le vide. « Si ça ne va pas bien dans ta tête, ça n'ira pas bien avec la vague. Ce sport fait prendre conscience de l’importance de l’équilibre mental », dit-elle. Il existe des surfeurs et surfeuses qui ne jurent que sur le surf en eau douce. À chacun sa vague.
Le futur annonce possiblement de belles promesses. La société du parc Jean-Drapeau a réalisé une étude sur la possibilité de créer une nouvelle vague stationnaire dans le chenal Le Moyne, qui sépare les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame. D’autres projets de nouvelles vagues pourraient voir le jour les années à venir. « Ce n’est pas si évident que cela de créer une nouvelle vague. Il faut un courant très puissant, une dépression dans l’eau et un obstacle afin de créer la vague », mentionne Mathieu Demers. Cependant, il se crée de plus en plus de nouvelles vagues un peu partout à travers le monde. Les Montréalais et Montréalaises peuvent donc s’inspirer des meilleures pratiques en la matière.
Pour apprendre à dompter la vague, il est possible de suivre des cours de surf de rivière chez KSF, une entreprise qui met en valeur les vagues montréalaises depuis 1995. KSF propose des cours de groupe ainsi que des cours privés sur la vague à Guy et la vague d’Habitat 67. Ailleurs au Québec, il est possible de pratiquer le surf de rivière à Gatineau sur plusieurs vagues, notamment sur la Sewer Wave. Les adeptes locaux se réunissent au sein de l’Association de surf de rivière d’Ottawa-Gatineau (RSOG).
Surf en mer
Pour les adeptes de surf océanique, rendez-vous sur la Côte-Nord où l’on pratique, depuis quelques années, le surf boréal, c’est-à-dire le surf en eau froide – combinaison isothermique obligatoire- dans le golfe du Saint-Laurent. , c’est-à-dire le surf en eau froide – combinaison isothermique obligatoire- dans le golfe du Saint-Laurent.
Un pionnier du surf nord-côtier est Frédéric Dumoulin, professeur au secondaire, qui a fondé en 2012 la boutique-école le Surf Shack, dans le secteur Moisie de Sept-Îles, où les vagues sont constantes et fréquentes. Leurs formats, généralement de petite taille et de forme pyramidale, facilitent l’apprentissage. Des cours d’initiation ont cours en été et en automne.

Sur toute la Côte-Nord, les amateurs et amatrices de surf boréal profitent de plusieurs bons spots de surf, selon la météo et la direction des vents. Il faut une bonne connaissance des lieux pour dénicher les meilleurs endroits en fonction des vents et des marées. La grande saison de surf nord-côtière est l’automne, quand les lointaines tempêtes tropicales créent des remous jusque dans le nord du golfe du Saint-Laurent. La Gaspésie attire aussi des surfeurs et surfeuses à l’occasion, lorsque les vagues sont assez généreuses.
Surf électrisant
Avec l’électrification des vélos, voici maintenant l’électrification des planches de surf. Il est maintenant possible de faire du surf en l’absence de vague. Hé oui, on n’arrête pas le progrès! Ecosurf Canada loue depuis 2021 des planches de surf dotées d’un moteur électrique à Sainte-Anne-de-Sabrevois, une localité située en Montérégie qui donne sur la rivière Richelieu.

Tommy Goyette, propriétaire de l’entreprise, explique que le surf électrique est d’une grande facilité. « Ça ne prend que quelques minutes pour apprendre les bases », dit-il. La sensation se compare davantage à la planche à neige que le surf de rivière. « Les gens contrôlent la vitesse de la planche grâce à une télécommande qu’ils tiennent dans leur main », dit-il. La batterie permet une sortie de 35 à 55 minutes. Cet été, découvrez le surf québécois!
Oui, le Québec s'impose comme une destination surf à part entière, offrant une diversité de pratiques allant des vagues stationnaires urbaines au surf boréal sur le Saint-Laurent, sans oublier le surf électrique. Bref, il n'est pas nécessaire d'avoir l'océan à perte de vue pour glisser sur l'onde.