Bénévolat en plein air : quand se faire plaisir fait le bonheur des autres

Publié le 29 May 2025

Par Fabienne Macé

Corvée printanière, grande corvée annuelle, corvées de la semaine… Le mot corvée, « travail pénible » selon le dictionnaire est couramment employé pour parler d’activité bénévole, dans le milieu du plein air. Mais pourtant, ces corvées en plein air sont souvent une source de plaisir : du plaisir pour soi-même et par ricochet, du plaisir pour autrui. Et si au contraire, être corvéable libérait en soi une bonne dose de dopamine?

En ce Mois du bénévolat en plein air, explorons ensemble quelques pans moins connus de l’engagement bénévole à travers des actions concrètes, souvent discrètes mais dont l’impact est inestimable. 

Du 15 mai au 15 juin 2025, le Réseau plein air Québec (RPAQ) s’est associé à la campagne « Ici, tout prend vie grâce aux bénévoles »  dans le cadre du Mois du bénévolat en plein air pour célébrer ces bénévoles comblé·e·s dont la générosité et le don de soi permettent à d’autres personnes de jouir du plein air et de s‘épanouir, voire se ressourcer au grand air.

Grâce à l’implication de ces milliers de bénévoles qui développent, gèrent et assurent l’entretien des sites de plein air, le Québec peut se targuer d’offrir un large éventail de loisirs de qualité en nature.

Toutefois, cette accessibilité a des limites; une partie de la population peinant à en profiter ou n’y ayant tout bonnement pas accès. C'est ce à quoi certains organismes ont voulu remédier. Donner à toutes et à tous l’opportunité de bénéficier des joies et bienfaits du plein air, et même en tout premier lieu, de faire connaître les bénéfices que procurent les activités en nature à ceux qui en ont grand besoin.

Comme le souligne Geneviève Désilets, responsable des communications au RPAQ, la collaboration bénévole est « cruciale pour assurer la pérennité des sites année après année ». Et bien qu’elles soient capitales, les corvées de nettoyage ne sont qu’une portion infime et visible de ce qu’il est nécessaire et possible d’apporter au plein air pour le rendre accessible, durable et inclusif. « Les organismes tout comme les fédérations de plein air ont souvent des moyens limités. Plusieurs sites de plein air sont portés à bout de bras par une poignée de passionné·e·s et supportés par des conseils d’administration bénévoles », explique-t-elle.

Crédit 📷 : Plein air Sutton

Crédit 📷 : Plein air Sutton

Effectivement, les besoins vont bien au-delà de ces journées de corvées, tout aussi  plaisantes et essentielles qu’elles soient, et prennent parfois des formes bien surprenantes et insoupçonnées. 

 

Tout le monde sur le pont 

Depuis 2006, l’OBNL EcoMaris s’est donné pour mission d’aider les gens à naviguer dans les difficultés de la vie en utilisant l’océan et le fleuve Saint-Laurent comme outil pédagogique et courant social. 

Fier d’apporter une multitude d’améliorations dans la vie des plus vulnérables - telles qu’en santé physique et mentale, ou bien dans le domaine social, professionnel, environnemental et même scientifique – mais aussi de déclencher des vocations dans le secteur maritime, EcoMaris crée des expéditions transformatrices en voilier, axées sur l’apprentissage multidisciplinaire. Notamment pour entretenir ses navires, l’organisme fait appel à des bénévoles en début et en fin de saison sur son chantier de Montréal au quai Bickerdike et en cours d’été entre Québec, Rimouski et Tadoussac. En plus de faire d’indéniables économies, « cela nous permet de faire nos travaux plus rapidement et de cocher beaucoup de cases sur la longue liste des petites améliorations nécessaires et souhaitées à bord. En somme, leur participation nous permet de rendre notre embarcation toujours plus opérationnelle et sécuritaire », explique Auguste Courtin, gestionnaire et producteur de contenus chez EcoMaris. Le profil recherché est large, les travaux peu exigeants (peinture, vernissage, jointure...) et adaptés aux compétences et capacités physiques de chacun·e. 

Crédit 📷 : Auguste Courtin

Crédit 📷 : Auguste Courtin

À l’heure de l’hivernage, fin octobre, les bénévoles sont invité·e·s à préparer le bateau pour être mis en cale : enlever les gréements, les voiles et les baumes. Opération qui se répètera en sens inverse au mois d’avril. Aux dires des bénévoles, travailler dans un environnement aussi insolite qu’un chantier naval apporte une satisfaction bien particulière et donne une porte d’entrée vers le monde maritime. Au travers de discussions sur le chantier, ils et elles retiennent une meilleure compréhension de la mission de l'organisme soit de « former une génération active, solidaire et engagée ». Et il en résulte même des envies de collaborations plus poussées, voire de projets de carrière dans la navigation. C’est d’ailleurs pari gagné pour Auguste qui mentionne que d’ancien·ne·s participant·e·s sont aujourd’hui capitaines de navires! 

Crédit 📷 : Auguste Courtin

Crédit 📷 : Auguste Courtin

Contribuer aux efforts d’un organisme qui ouvre l’océan gratuitement à des gens qui n’auraient pas les moyens d’y accéder décuple le sentiment d'appartenance à une cause et ne fait que renforcer le désir de s'investir dans une carrière engagée ou bien de travailler dans le domaine du plein air. 

 

Viser au-delà des obstacles

Trente ans d’expéditions thérapeutiques, c’est ce que s’apprête à fêter la fondation Sur la pointe des pieds. Près de 30 ans à changer la vie de jeunes de 14 à 39 ans atteint·e·s de cancer en leur proposant des bains de nature et d’aventure;  30 ans à redonner espoir dans la vie, à guérir l’âme et le cœur. 

Pour y parvenir, 6000 heures de bénévolat ont été offertes chaque année. Faites le calcul! Et heureusement car les enjeux financiers sont grands afin d’offrir des expéditions non seulement mémorables et entièrement gratuites mais, qui en plus la sécurité et la santé des jeunes. Pour cela un·e médecin, un·e infirmier ou infirmière, un·e intervenant·e psycho-social·e accompagnent chacune des cinq expéditions annuelles. À ces professionnel·le·s bénévoles s’ajoute une personne au regard sensible et à la plume fluide pour immortaliser ces précieux moments de vie intense en photo et en blogue

Crédit 📷 : Fabienne Macé

Crédit 📷 : Fabienne Macé

Et lors des évasions de printemps et d’automne qui s’adressent à des jeunes plus vulnérables car en traitement, se joint une équipe logistique. Chargé·e·s de transporter le matériel, monter les campements, préparer les repas et assurer le confort en tout temps  - oui oui, feu de camp matin et soir, boissons chaudes, abris contre vents et tempêtes …), ces philanthropes de nature font profiter les autres de leur aisance et expertise en plein air. 

Pour Lysianne Hamel, bénévole d’expédition tout à tour médecin, infirmière et logisticienne, la motivation de consacrer une partie de ses congés à la fondation est claire :  « Après plus d'une décennie à soigner les gens au sein du système hospitalier classique, je souhaitais depuis plusieurs années sortir de ce cadre et accompagner autrement. Grande amatrice de plein air et d'expé, j'en ressens les bienfaits à chaque fois que je m'évade en nature, je suis convaincue des bienfaits qu'une telle expédition peut apporter, d'autant plus avec un groupe de pairs. »

Entre le plaisir de l’aventure, des rencontres ou du dépassement personnel, il lui est impossible de choisir une raison en particulier. « Ces trois éléments sont indissociables et font la richesse de chaque expédition : l’exploration de la nature sauvage, les moments authentiques partagés avec des personnes inspirantes et la satisfaction de repousser ses propres limites. » 

Crédit 📷 : Fabienne Macé
Crédit 📷 : Fabienne Macé

Parce que la faisabilité des aventures thérapeutiques, elle-même ainsi que la tenue des collectes de fond reposent en partie sur l’engagement bénévole, Sur la pointe des pieds a édité un manuel à l’attention de ces « individus motivés, souriants, proactifs et parfois (voire souvent!) lève-tôt » sans qui rien ne serait possible, afin de les orienter vers les tâches ou postes qui sauront leur convenir. 

Comment ne pas trouver chaussure à son pied dans cette liste non exhaustive? : 

  • Préposé·e à l’accueil - aux inscriptions - à la préparation de l’équipement - à la signalisation - au montage/démontage - au ravitaillement - aux premiers soins
  • Conducteur et conductrice de motoneige et autre véhicule 
  • Encadreur et encadreuse de course
  • Cuisinier et cuisinière
  • Photographe, vidéaste et journaliste
  • Traducteur et traductrice
  • Graphiste
  • Professionnel·le de la santé 
  • Logisticien·ne d’expédition 
Crédit 📷 : Fabienne Macé
Crédit 📷 : Fabienne Macé

De la suite dans les idées

Les formes que peuvent prendre les implications bénévoles dans le monde du plein air sont vastes et variées ; mais voici une poignée d’idées additionnelles et originales pour altruistes en quête d’un plein air pérenne et inclusif. 

  • Accompagner des personnes handicapées dans des activités de plein air (en joëlette, en embarcation adaptée...) comme le permet l’organisme Tandem Actif, un outil de jumelage qui met en relation des personnes à besoins spécifiques avec des personnes aptes à les assister et ouvertes à l’inclusion.
  • Aider à réparer des vélos au sein d’un atelier communautaire de mécanique de vélo. En tant que mécaniciens ou mécaniciennes, souvent à titre amateur, il s’agit d’épauler les cyclistes qui viennent entretenir et réparer leur deux roues. 
  • Supporter l’organisation d’un évènement de plein air comme celui du Tour de l’Île, pour « contribuer à faire vivre aux cyclistes une expérience mémorable et à faire de Montréal une ville complètement vélo » (accueil, sécurité à pied ou à vélo, transport, premiers soins, sites de départ/arrivée/relais…)
  • Être membre du C.A. d'un organisme de plein air ou en facilitant l’accès. L’Association québécoise pour le loisir des personnes handicapées, l’AQLPH, dont la mission est de rendre le loisir accessible à tous et toutes malgré le handicap est présentement à la recherche de quatre personnes candidates pour joindre son conseil d’administration. Une « occasion de faire une différence significative, tout en contribuant à une belle aventure humaine et professionnelle! » promet l’organisme. 
Crédit 📷 : Michel Ange Rodriguez
Crédit 📷 : Michel Ange Rodriguez

Par ailleurs, dans le cadre du Mois du bénévolat en plein air, vous trouverez un répertoire de sites de plein air que vous pouvez contacter afin de leur offrir de votre temps. Ou bien par le biais du groupe Bénévolat en plein air au Québec qui diffuse des demandes de participation, des candidatures, des conseils, de l’information technique et même des anecdotes!

« Depuis les dernières années, on note un grand désir de sortir en plein air et de sentiment de communauté », indique Annick St-Denis, directrice générale du RPAQ. « Le bénévolat en plein air permet de passer du temps en nature, entre ami·e·s, en famille, ou encore de rencontrer des personnes passionnées par les mêmes activités que nous , et de passer un bon moment ensemble tout en contribuant à une cause qui nous tient à cœur. » On le constate, l’aventure bénévole est bénéfique à ceux et celles qui reçoivent, mais aussi à ceux et celles qui donnent!

Crédit 📷 : BivouaQ (1) et Kéroul (2)
Crédit 📷 : BivouaQ (1) et Kéroul (2)

Que ce soit pour ajouter une plus-value particulière à la pratique de votre métier, pour donner un sens à vos habiletés et mettre vos compétences au service d’une cause, pour rejoindre une communauté forte, pour vous sentir utile et apprécié·e, pour vivre le plein air ensemble, pour jouir de l’impact positif de la nature, pour profiter gratuitement d’activités tout organisées, pour transmettre aux non-initié·e·s votre passion du plein air, pour constater le bonheur des participant·e·s …mais surtout pour vous assurer que le plein air soit ouvert à tous et toutes - PANDC*, LGBTQ2S+**, personnes atteintes de handicaps ou maladies, personnes limitées financièrement,  personnes isolées ou en détresse mentale - pour tant de raisons aussi valables les unes que les autres et aussi porteuses de bienfaits, essayez le bénévolat : vous risquez d’être conquis·e et ça ne vous coûte rien, sauf l’envie de récidiver!


* PANDC est l’acronyme qui désigne les Personnes Autochtones, les Noirs et De Couleur

** LGBTQ2S+ est l’acronyme qui désigne les personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transgenres, Queer et Bispirituelles. Le "+" indique l'inclusion d'autres identités non spécifiquement mentionnées.

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