Une randonnée sous terre à la grotte le Trou du Diable de Saint-Casimir

Publié le 14 July 2022

Par Sara Larin

Lorsqu’on pense à une caverne, on s’imagine les cénotes au Mexique ou la grotte Lascaux en France. Pour ma part, jusqu’à aujourd’hui, une caverne ressemblait à ceci :

Ma visite au Colossal Cave Mountain Park en Arizona

Un endroit où les stalactites rejoignent les stalagmites pour créer d’impressionnantes colonnes. Un paysage souterrain aux reflets dorés rempli de draperies : des formations minérales qui se succèdent.

Quand je suis rentrée à la maison, je me suis dit que l’exploration des cavernes était terminée. Eh bien, non. Le Québec regorge de territoires souterrains. De la Gaspésie à l’Outaouais, on peut visiter différentes grottes. Il y en a même une sur l’île de Montréal (la caverne de Saint-Léonard).

Crédit Photo : Benoit Trottier

Bien que les paysages souterrains québécois soient bien différents de ceux de l’Arizona ou des cénotes mexicaines, ils n’en demeurent pas moins fascinants. Alors, à quoi s’attendre? Pour le découvrir, j’ai exploré la deuxième plus longue grotte accessible au Québec : le Trou du Diable de Saint-Casimir.

Y a-t-il des galeries immenses remplies de stalactites et stalagmites au Québec?

Comme les cavernes d’ici sont très jeunes, généralement quelques milliers d’années, les formations sont rares et de moins grande envergure qu’ailleurs. « On en trouve un peu à l’île d’Anticosti ou en Gaspésie, mais elles sont modestes. Même si la grotte de Saint-Elzéar a plusieurs centaines de milliers d’années, on y a daté une stalagmite de seulement 15 centimètres », précise Daniel Caron, un spéléologue expérimenté qui a découvert et visité des centaines de cavernes. C’est le passage des glaciers et les conditions géologiques du Québec qui expliquent le paysage souterrain propre à notre région.

Crédit Photo : Benoit Trottier

Daniel soutient que « Les cavernes où les stalactites et stalagmites foisonnent représentent une image déformée de la spéléologie véhiculée par les grottes touristiques. Il y a beaucoup d’autres types de cavernes intéressantes à explorer. Comme la grotte active le Trou du Diable de Saint-Casimir où l’eau coule abondamment ». Cette caverne est remplie de galeries secondaires, de plafonds bas, de couloirs où l’on marche avec de l’eau aux genoux et même d’un peu de vie.

À quoi ressemble la grotte le Trou du Diable?

Il est possible d’opter pour le parcours Touristique ou le parcours Aventure pour la découvrir de deux façons bien différentes. J’ai choisi le parcours Touristique d’une durée de 1 h 30, parfait pour s’initier à la spéléologie.

Résurgences du Trou du Diable

Pour bien se préparer à aller sous terre, on commence par la fin. On se dirige à la sortie de la grotte pour voir ce qu’on appelle résurgence. C’est l’endroit où l’eau sort de la grotte pour se jeter dans la rivière Sainte-Anne.

Pour se rendre à l’entrée principale de la grotte, on fait une courte randonnée. Tout au long du sentier d’interprétation, on peut en apprendre beaucoup sur la spéléologie. J’ai même pu sauter sur le dessus de la grotte pour l’entendre résonner. Sur notre chemin, on croise aussi une doline. « C’est un entonnoir naturel. Ce sont la dissolution de la roche calcaire et les effondrements qui aspirent le sol. Leurs dimensions peuvent aller de quelques à des centaines de mètres de diamètre et de profondeur. C’est d’ailleurs l’un des indices qu’une caverne pourrait se trouver à proximité », mentionne Daniel.

Après quelques minutes de marche, on arrive à la perte; l’endroit où l’eau disparaît pour se perdre dans la grotte. C’est l’entrée principale. On allume notre lumière frontale et c’est parti. On met les pieds dans l’eau froide et, rapidement, on en a jusqu’aux genoux. L’équipe de la grotte le Trou du Diable donne d’ailleurs plusieurs conseils pour bien s’habiller. Pour ma part, j’ai opté pour la technique pelures d’oignon : un legging sous un pantalon léger; une veste chaude par-dessus une veste mince; et des bottes de travail avec des chaussettes épaisses. Verdict : j’ai bien choisi.

Crédit photo : Benoit Trottier

Guidés par Marie-Pier (et nos lampes frontales), on avance tranquillement dans la grotte.

On peut y observer :

  • Des racines d’un tout autre point de vue. On est littéralement sous les arbres;
  • Les processus chimiques de dissolution et d’érosion mécanique sur les parois rocheuses. On peut voir quand l’eau était plus forte et moins forte;
  • Des araignées sympathiques et inoffensives : les Meta ovalis. « Lors de la première exploration de la saison, les spéléologues ont réveillé quelques chauves-souris », raconte Marie-Pier. Ici, on peut parfois trouver des porcs-épics, des taupes, des ratons laveurs près des entrées. Au Québec, aucune espèce ne vit en permanence dans les grottes. Les spécialistes confirment que les cavernes sont trop jeunes et exposées à des phénomènes météorologiques intenses comme la crue des eaux.

C’est très impressionnant d’être entouré de parois rocheuses, les deux pieds dans l’eau, dans un endroit silencieux éclairé seulement par une lampe frontale. À la fin du parcours, je me trouvais à environ cinq mètres sous terre.

Ramper dans les galeries secondaires

Pendant le parcours, j’ai pu ramper dans trois galeries secondaires. Pour la première galerie, j’ai dû grimper à une paroi (avec l’aide de Marie-Pier, je l’avoue). Les coudes dans l’eau froide, à plat ventre, j’ai parcouru la galerie. Je me sentais comme une spéléologue qui découvre un nouveau chemin. La dernière galerie, située dans le plafond de la grotte, m’a semblée un peu plus facile d’accès (Peut-être étais-je déjà plus expérimentée?). J’ai pu marcher penchée, puis accroupie pour me rendre tout au bout.

Crédit photo : François Gelinas

D’ailleurs, le parcours Aventure de la grotte le Trou du Diable est une bonne option pour celles et ceux qui veulent relever un défi et vivre encore plus de sensations fortes. Cette visite de trois heures permet d’explorer de nombreuses galeries au plafond très bas et même un couloir où l’on rampe à quatre pattes avec de l’eau jusqu’au cou.

Revenir sur ses pas dans le noir total

Ce n’est pas obligatoire, mais c’est une expérience à essayer. Avec la main droite sur la paroi rocheuse et l’autre devant soi, lampes frontales éteintes, on avance à la queue leu leu, à petits pas, les pieds toujours dans l’eau. On ne voit rien, on n’entend que les clapotements de nos pas. À la fin de la visite, on en sait beaucoup plus sur la formation des grottes et sur ce mystérieux paysage souterrain québécois. Rien de mieux que d’apprendre en ayant les deux pieds sous terre.

Explorer les grottes du Québec sans guide

C’est possible. Même que le Québec est l’endroit idéal pour les personnes de niveaux débutant et intermédiaire. La caverne Lusk dans l’Outaouais en est un excellent exemple. On emprunte un sentier de randonnée pour s’y rendre et on peut camper dans le parc de la Gatineau. « Comme les cavernes d’ici sont généralement de dimensions modestes et plus faciles d’accès, elles sont parfaites pour les personnes qui en sont à leurs premières explorations, de même que pour les familles », explique Daniel.

Crédit photo : Guillaume Pelletier

Avant de vous aventurer, les spéléologues vous suggèrent de :

1- Lire un livre sur les cavernes du Québec

Le livre Cavernes du Québec est une référence de choix pour explorer ce milieu peu connu. Michel Beaupré et Daniel Caron, deux spéléologues qui n’en sont pas à leurs premières expéditions souterraines, ont créé un ouvrage pour les personnes curieuses et les spéléologues de tous les niveaux. Le livre répertorie plus de 70 cavernes à visiter au moins une fois dans sa vie et présente des conseils pour organiser ses excursions de façon sécuritaire.

2- Devenir membre de la Société québécoise de spéléologie

Spéléo Québec est la fédération qui regroupe tous les spéléologues du Québec, peu importe leur niveau. Lorsque vous devenez membre, vous avez un accès exclusif à certains sites et au prêt d’équipement gratuit lors de certaines activités. De plus, une fois par année, vous êtes invité à participer à un camp de prospection de trois jours sur un site national. Et, qui sait, peut-être, découvrirez-vous une nouvelle caverne? C’est une bonne façon de s’entourer de spéléologues de tous les niveaux et de perfectionner ses techniques, en plus de contribuer au développement de la spéléologie au Québec.

3- Aller à l’École québécoise de spéléologie

L’École québécoise de spéléologie, une initiative de Spéléo Québec, vous permet de suivre plusieurs formations, faire des sorties avec des spéléologues d’expérience et participer à des stages d’initiation et de perfectionnement. C’est la seule en Amérique.

4- Connaître les règles de sécurité et le code d’éthique sur le bout de ses doigts

Avant de vous aventurer dans une caverne sans guide, il est primordial de connaître les règles de sécurité qui encadrent cette pratique, d’utiliser les bons équipements et de savoir comment s’habiller dans une grotte. Évidemment, on doit respecter l’environnement souterrain : ne pas déranger la faune cavernicole, ne toucher à rien inutilement, ne pas détruire ou emporter des éléments naturels qui s’y trouvent et n’y laisser aucun déchet. Plusieurs grottes sont sur des terrains privés, mais les propriétaires donnent un droit de passage. Il est donc important de respecter la propriété en s’informant des conditions d’accès.

Faire la route des grottes et des cavernes du Québec

Spéléo Québec a créé un parcours qui s’étend de l’Outaouais jusqu’à la Gaspésie. Chaque caverne propose une aventure et un paysage qui lui est propre. La grotte de Saint-Elzéar s’enfonce à 35 mètres sous la surface, le Spéos de la Fée permet de faire une descente dans une galerie tubulaire impressionnante, la caverne Arbraska-Laflèche est sur deux étages et la caverne du Trou de la Fée est l’endroit parfait pour observer des chauves-souris.

Même si vous n’êtes peut-être pas la première personne à découvrir une grotte, vous pourrez explorer ce milieu souterrain caché, mystérieux et rempli de surprises.

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